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Le journal quotidien de l’Autorité palestinienne : Depuis plus de 60 ans, la Shoah « crée… controverse et falsifications »

Itamar Marcus et Nan Jacques Zilberdik  |

Des rumeurs circulent dans les cercles palestiniens selon lesquelles l’UNRWA (l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient) prévoirait d’introduire un enseignement de la Shoah dans les écoles administrées par l’UNRWA. Suite à ces rumeurs, deux journaux quotidiens palestiniens ont fait part une forte opposition à l’enseignement de la Shoah aux enfants palestiniens.

Editorialiste du journal quotidien officiel de l’AP :
« L’Holocauste juif est une histoire qui suscite une grande controverse… un sujet qui depuis plus de 60 ans crée une grande controverse et des falsifications »
« L’UNWRA… a interdiction totale de traiter de ces sujets politiques. »
[Al-Hayat Al-Jadida, le 4 mars 2011]
 
Mohammed Abou-Bakr, vice-dirigeant du Département des réfugiés à l’OLP :
« [Si] l’UNRWA introduisait un enseignement de l’Holocauste, ou ce que l’on entend par ce terme… l’UNRWA dévierait de ses engagements et accords avec les pays bénéficiaires, et créerait un précédent qui ne peut être ignoré… Il est impensable d’entraîner nos enfants réfugiés dans des directions opposées. »
[Al-Qods, le 1er mars 2011]

Nabila Al-Salah, membre jordanien de la commission pour la Défense du droit au retour des réfugiés palestiniens :
« Etudier l’Holocauste dans les écoles de l’UNRWA est indigne. »
[Al-Qods, le 1er mars 2011]
 
Zakaria al-Agha, dirigeant du Département des Réfugiés [de l’OLP] :
« [s’est opposé] à l’enseignement du sujet de l’Holocauste dans les écoles de l’UNRWA. »
[Al-Hayat Al-Jadida, le 21 mars 2011]

Le déni et la déformation de la Shoah font partie du discours palestinien depuis de nombreuses années. De toute évidence, il a été décidé de ne pas inclure la Shoah dans le programme éducatif palestinien, qui ne la mentionne jamais. Aucun livre d’école palestinien, émis par le ministère de l’Education de l’Autorité palestinienne, ne traite de la Shoah ou des persécutions nazies endurées par les Juifs. Par exemple, un nouveau livre d’histoire palestinien de la classe de Terminale couvre largement la Seconde Guerre mondiale. Il contient même des passages sur l’idéologie raciste nazie et les procès de Nuremberg, et pourtant, il ne mentionne à aucun moment que les Juifs furent la cible du racisme nazi.

En 2009, lorsque la question de l’enseignement de la Shoah dans les écoles administrées par l’UNRWA a été évoquée, l’UNRWA a « fermement démenti les rumeurs » selon lesquelles elle projetait d’intégrer des éléments sur la Shoah dans son programme sur les droits de l’Homme :
« La commissaire-générale de l’UNRWA, Karen Abou Zayd, a fortement démenti les rumeurs selon lesquelles l’UNRWA projetait d’enseigner le sujet de l’Holocauste dans son programme. Elle a déclaré lors d’une conférence de presse tenue à Gaza aujourd’hui, que le programme des droits de l’Homme ne serait pas modifié. Abou Zayd, qui accompagnait Christian Berger, représentant de la Commission européenne, dans sa visite du port de pêche de Gaza, a affirmé que l’UNRWA développait le programme des droits de l’Homme [dans ses institutions] ainsi que l’étude de matière concernant la Déclaration universelle des droits de l’Homme. »
[TV de l’Autorité palestinienne (Fatah), le 1er sept. 2009]
 
Voici les rapports actuels sur les rumeurs et l’opposition concernant l’enseignement de la Shoah, tels qu’ils ont été publiés dans les journaux quotidiens palestiniens.
Des exemples tirés des archives de PMW sur le déni et la déformation de la Shoah par les Palestiniens suivent les articles de presse ci-dessous :

Yihya Rabah, colonne quotidienne du quotidien de l’Autorité palestinienne (AP) :
« Ces derniers jours, quelques informations ont été divulguées, indiquant que l’UNRWA projetait d’introduire des éléments sur l’Holocauste juif dans le programme obligatoire de ses écoles de Palestine et de tous les pays qui abritent des réfugiés palestiniens sous l’égide de l’UNRWA…
J’espère sincèrement que ce projet n’aboutira pas, pour plusieurs raisons :
D’abord, à l’heure actuelle, l’UNRWA, en vertu de ses fonctions et de son autorité, maintient qu’il lui est formellement interdit de traiter de ces sujets politiques, et protège ardemment sa neutralité et son professionnalisme…
Deuxièmement, tout le monde sait que l’histoire de l’Holocauste juif suscite une grande controverse, au cœur de l’Europe – et même au sein même des communautés juives – où l’on trouve des gens qui n’adoptent pas le discours israélien concernant l’Holocauste. Pourquoi l’UNRWA devrait-il s’engager dans un projet qui depuis plus de 60 ans crée une bonne dose de controverse et de falsifications, en particulier si l’on considère que des centaines de millions de personnes dans le monde ont souffert des tragédies de la Seconde Guerre mondiale…
Le peuple palestinien ne veut pas que l’UNRWA succombe à quelque pression que ce soit, ou que le peuple palestinien serve d’instrument pour perpétrer une politique erronée, comme ce projet. »
[Al-Hayat Al-Jadida, le 4 mars 2011]

« Dans une interview pour Al-Qods [le vice-directeur du Département des réfugiés à l’OLP, Mohammed] Abou Bakr a réagi sur le communiqué annonçant que l’UNRWA avait introduit un enseignement sur l’Holocauste, ou quel que soit le nom qu’on lui donne, dans ses écoles. Il a souligné qu’aucune information exacte ne confirmait la véracité de ce communiqué, mais que si cela s’avérait, l’UNRWA dévierait de ses engagements et de ses accords avec les pays bénéficiaires, et créerait un précédent qui ne pourrait être passé sous silence…
Il a ajouté : ‘Nous soutenons toute mesure qui contribuera à enrichir le programme éducatif par de l’information et des innovations dans les domaines de la science, de la culture, des droits de l’Homme et de l’histoire, en conformité avec la réalité qui prévaut dans l’environnement éducatif des cercles dans lesquels les réfugiés palestiniens étudient – qui est manifestement leur environnement naturel. Il est impensable que nous menions nos enfants réfugiés dans des directions opposées, soit par le biais du programme éducatif, soit par d’autres manières…’
Nabila Al-Salah, membre jordanien du Comité de Défense du Droit au retour des réfugiés palestiniens, a affirmé que l’étude de l’Holocauste dans les écoles de l’UNRWA était indigne, et allait à l’encontre des objectifs éducatifs de l’UNRWA. Elle a souligné que l’étude de l’Holocauste servait le discours sioniste, aux dépens de la question des réfugiés et de la question du peuple palestinien. »
[Al-Qods, le 1er mars 2011]

« Le dirigeant du Département des Réfugiés [de l’OLP], Zakaria al-Agha… a souligné son objection à l’enseignement du sujet de l’Holocauste dans les écoles de l’UNRWA.»
[Al-Hayat Al-Jadida, le 21 mars 2011]

Voici des exemples du déni, de la déformation et de l’opposition des Palestiniens à l’enseignement de la Shoah à l’intention de la jeunesse, tirés des archives de PMW :
Titre : « Gaza : Des activistes accusent l’UNRWA de tenter d’enseigner l’Holocauste juif dans son programme consacré aux droits de l’Homme »
« Le directeur du Département éducatif de l’Agence, [UNRWA], Mahmoud Al-Hamdiat, a démenti toute intention de la part de l’office d’enseigner des éléments au sujet de l’Holocauste…
Des activistes pour la protection des droits des réfugiés palestiniens ont accusé l’UNRWA de tenter d’enseigner l’Holocauste juif dans le programme sur les droits de l’Homme. Les activistes, qui représentent les comités populaires du Hamas, des divers districts de la bande de Gaza, ont exprimé leur colère devant cette évolution des choses. Ils ont exigé de retirer ces éléments du programme sur les droits de l’Homme de la classe de Quatrième. Le coordinateur des comités populaires de la bande de Gaza, Hussam Ahmad, a déclaré à Al-Ayyam que le matériel scientifique compris dans le programme était formulé de manière favorable envers les Juifs… Ahmad a prévenu d’une tendance qui formerait une génération empathique envers les Juifs et envers l’Holocauste. Il a affirmé que les comités de réfugiés continueraient de mener diverses actions pour que l’Agence revienne sur sa décision.
Il faut souligner que les comités populaires des réfugiés dans la bande de Gaza ont envoyé un mémorandum au [directeur des opérations de l’UNRWA, John] Ging, l’appelant à retirer le sujet de l’Holocauste juif du programme d’étude des droits de l’Homme de la classe de 4e.»
[Al-Ayyam, le 31 août 2009]
 
Abd Al-Rahman Abbad, secrétaire général de l’Organisation [palestinienne] des Clercs et Diffuseurs de l’Islam :
« [La barrière de séparation israélienne est un symptôme de] la mentalité israélienne, une mentalité régie par [le concept de] ghetto. Le ghetto signifie vivre dans un environnement isolé réservé aux Juifs. C’est pourquoi ils ne peuvent vivre avec d’autres groupes, parce qu’ils croient que leur culture et religion les obligent à avoir des contacts avec leurs semblables uniquement, sur la base d’une attitude supérieure envers les autres. C’est pourquoi ils ne vivaient pas, par exemple, dans l’Occident, dans des quartiers séparés, mais vivaient dans ce qui s’appelle ‘un ghetto’. Le ghetto ne leur a pas été imposé, comme tout le monde le croit, ce sont eux qui se le sont imposé. Cette séparation [séparation] n’est pas unique, il existe beaucoup de séparations. Prenez la ville [israélienne] de Lod, par exemple, ou de Ramleh. Les différents groupes de population, qui sont tous des citoyens israéliens, ne se mélangent pas. Il existe une séparation. La raison en est la mentalité israélienne, la mentalité de ghetto, la mentalité de rejet de ‘l’autre’, et le refus de coexister avec lui…
[Les Juifs] amplifient toute action des autres [nations] envers chaque Juif dans le monde. Dans ce contexte, c’est le sujet de l’Holocauste, qui occupe encore le monde entier. Il existe un endroit [en Israël] appelé ‘Mémorial de l’Holocauste et de l’Héroïsme’, qui raconte le meurtre de 6 millions de Juifs, mais il est connu que dans toute l’Europe il n’y avait pas 6 millions de Juifs. »
[TV de l’Autorité palestinienne (Fatah), le 17 juillet 2009]

[Remarque : L'organisation des Clercs et des Propagateurs de l'islam est dirigée par Ikrima Sabri, ancien mufti de l’Autorité palestinienne sous Yasser Arafat et Mahmoud Abbas.]

« Différents groupes en Israël ont exprimé leur déception devant le discours prononcé hier par le pape Benoît XVI à l’Institut de Yad Vashem pour la commémoration du soi-disant souvenir de ceux qui sont morts dans l’Holocauste nazi. »
[TV de l’Autorité palestinienne (Fatah), le 12 mai 2009]

Najat Abou-Bakr, membre Fatah du parlement de l’AP :
« Cet ennemi [Israël] perpètre régulièrement de nouveaux holocaustes, partout et tout le temps. »
[TV de l’Autorité palestinienne (Fatah), le 3 mars 2008]

Le narrateur : « ‘Les invalides et les handicapés représentent un lourd fardeau pour l’Etat’, a affirmé le chef terroriste Ben Gourion [premier chef du gouvernement israélien]. Les Juifs sataniques ont imaginé un complot maléfique [l’Holocauste] pour se débarrasser du fardeau des invalides et des handicapés, par des moyens criminels tordus. Ainsi ils accusent les nazis ou autres afin que les Juifs paraissent persécutés, et tentent d’éveiller la sympathie internationale, alors qu’ils furent les premiers à inventer les méthodes maléfiques et oppressives. »
Amin Dabour, dirigeant du « Centre de recherche stratégique » palestinien :
« Concernant l’Holocauste israélien – tout cela était une blague, et faisait partie du show parfait que Ben Gourion avait mis en scène, qui consistait à [amener] une jeunesse énergique et forte [en Israël], tandis que le reste – les invalides, les handicapés, et les personnes ayant des besoins spéciaux – ont été envoyés [à la mort]… si cela peut être historiquement prouvé. Ils ont été envoyés [à la mort] pour qu’il y ait un Holocauste, et pour qu’Israël puisse « en jouer » afin d’éveiller une sympathie mondiale. »
Le narrateur : « Les prétendus chiffres de Juifs [tués dans l’Holocauste] n’ont servi que pour la propagande. »
[TV d’Al-Aqsa (Hamas), le 18 avril 2008]

Ibrahim Mudayris, représentant, ministre des Biens religieux et des Affaires cultuelles :
« Dans la guerre nazie, il est possible que quelques [Juifs] aient été tués, il est possible que certains furent brûlés, mais ils exagèrent [la Shoah] pour gagner la sympathie des médias internationaux et celle du monde. »
[TV de l’Autorité palestinienne (Fatah), le 13 mai 2005]

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